Julien Brunet
Maître de chai
Maître de chai
Julien Brunet a grandi au milieu des barriques, mais pas celles qui voient naître le Pineau des Charentes. Pour ce fils de vigneron en Touraine, le travail des vignes et des vins n’est pas un coup de cœur. Pourtant, comme une évidence insidieuse, les gènes de « viti » se réveillent lentement… et se révèlent jusqu’à l’obtention d’un BTS puis d’une licence professionnelle des métiers de la vigne et du vin.
Julien arrive à Puy Gaudin au moment où s’ouvrent les portes du bâtiment tout neuf de Gémozac. Si sa première expérience était celle d’un maître de chai dans le Val de Loire, il alterne ici entre la mise en bouteille et le chai. C’est au bout d’un an qu’il prend les pleines fonctions de maître de chai.
Maître de chai… un titre mystérieux, teinté d’alchimie et saupoudré d’ésotérisme… Il drape un sage personnage, détenteur d’un savoir rare et précieux, exerçant son art à travers des mélanges dont il détient seul les secrets. La cape d’enchanteur des saveurs sied bien à Julien, qui marie les mots autant que les arômes. L’équilibre de ses descriptions préfigure celui de ses assemblages. Mettre la dernière main au produit, c’est le transfigurer poétiquement. La perfection n’est atteinte que lorsque les paroles le révèlent dans une intensité fluide et limpide.
Vastes et techniques, les tâches d’un maître de chai regroupent aussi toutes les gestions gravitant autour du produit : gestion des stocks, des livraisons, des approvisionnements. Il intervient dans la R&D, la gestion des gammes, la prospection sur les vieillissements spécifiques, dans le stockage des Pineaux et des cognacs. La fonction implique organisation, réflexion et anticipation.
Essentielles et nécessaires, les relations entre l’homme de la vigne et l’artisan des vins construisent Julien et nourrissent sa relation aux produits. La concertation avec les vignerons lui est indispensable pour comprendre ce qu’il reçoit d’eux. Il peut ensuite prendre le relais. Commence alors le long et patient labeur qui lui permettra, par la technique, la patience et la passion, de révéler la passion, la patience et le savoir-faire des premiers de cordée.
À son arrivée à Puy Gaudin, Julien ne connaissait le Pineau des Charentes qu’à travers les quelques stéréotypes qui lui collent à la bouteille. Sans idée préconçue, il a appris à connaître non pas LE pineau, mais LES pineaux, et ceux qui les produisent. Hommes et femmes de passion, ils posent un choix fort, enraciné dans une histoire, des convictions et la mémoire.
Si Julien ne connaissait rien au Pineau lorsqu’il a été embauché à Puy Gaudin, il a su utiliser sa curiosité naturelle et sa très grande mémoire pour intégrer le profil type des produits Guérin. Sous la tutelle de Philippe Guérin, il a patiemment construit le savoir et la maîtrise qui aujourd’hui font de lui le détenteur des clés de la maison éponyme.
Pour Julien, l’avenir des Pineaux passe par la libération de la parole. La grande distribution a permis, dans les années 90, la diffusion nationale d’un produit jusque-là régional, presque confidentiel. La standardisation qui en a découlé s’est faite au détriment de la richesse des variétés de Pineau et du prix de vente des bouteilles. Il travaille maintenant, à travers ses produits, à réinventer le lien entre producteurs et consommateurs.