Mélanie Guérin

Vigneronne de la 4ème génération

L’avenir au féminin

Dans la valse des questions, à celle qui exige d’avouer son péché de gourmandise en piochant dans le jeu « Famille Guérin », la réplique de Mélanie, fuse, sans hésitation ni tergiversation. Les boucles aux teintes de châtaigne s’agitent. La vigueur de la répartie et le choix produit préfigurent la personnalité et l’esprit qui animent la jeune viticultrice. Du haut de ses 34 ans, Mélanie confesse sans complexe, dans un éclat de rire aussi large et franc que son sourire, sa prédilection pour le Pearl.

Ce n’est certainement pas un hasard si elle en fait son « chouchou ». Le créateur de ce Pineau, son oncle Philippe Guérin, y a mis beaucoup de son esprit féminin, de son élégance assumée, de son espièglerie et de sa liberté d’innovation. Les caractéristiques se retrouvent chez cette représentante de la 4e génération de la famille Guérin.

Mélanie voit les Pineaux comme autant de messages racontant les histoires de la famille, de SA famille : les efforts engagés, les espoirs, les désillusions redistillées en force, richesse, expérience et aboutissement, les satisfactions nées des risques engagés et des paris réussis, des découvertes patiemment préparées ou inattendues, au détour d’un tonneau. Les Pineaux portent l’empreinte du temps écoulé, passé à cultiver les vignes, à réfléchir les pratiques culturales, à préparer le matériel, à récolter puis transformer les fruits, à distiller, patienter, assembler, composer, tester. Ils portent l’empreinte du temps d’avant qui habite le moment présent, celui qui marie les histoires de famille et de la famille avec le partage de l’instant.

Ce n’est encore pas un hasard si Mélanie voit les Pineaux de la famille comme des traits d’union intergénérationnels. Elle s’appelle Guérin. La fierté de porter ce nom, accolé avec succès au Pineau depuis presque 90 ans, s’accompagne d’un poids et d’une pression, qui croissent à chaque génération. Elle les enfile en même temps que ses bottes et sa cote. C’est le poids de la perfection et de la passion, indissociables du travail de ses aînés. Elle veut les honorer en endossant, habitant et faisant sien cet héritage immatériel et intangible. 100% Guérin, elle contemple avec fierté l’ouvrage de son clan. Elle s’en imprègne avec l’humilité qui caractérise chacun de ses membres. Au-delà des techniques, savoir-faire et terres familiales, Mélanie sait que la simplicité et la gentillesse, apanage désarmant incontesté de la famille Guérin, participent fortement à l’image de marque et à l’intégration exemplaire de l’entreprise Puy Gaudin dans la vie locale.

Ce n’est donc toujours pas un hasard si l’engagement de Mélanie dans la viticulture et dans Puy Gaudin s’ancre dans un événement familial avant de se construire en une lente maturation. Il naît de la confrontation de la jeune femme avec la pancarte de l’entreprise, le jour de l’enterrement de son grand-père. Rien ne la prédestinait à prendre le relais : d’abord, elle a peur… peur de monter à l’échelle, peur des araignées… alors pour un(e) viti… c’est impensable.

Ensuite, il existe comme un tabou. Les parents de Mélanie, comme beaucoup d’exploitants agricoles de leur génération, n’ont pas mis l’accent sur la reprise des terres, de l’exploitation, pour libérer la réflexion et l’avenir des suivants du poids de la transmission. Alors, se projeter en repreneur, ça n’a jamais effleuré l’esprit de Mélanie. Bien sûr, elle a été mise à contribution, dans les vignes ou l’entreprise, mais sans que cela n’enclenche le partage des savoirs et de l’amour du terroir.

Lorsque son grand-père Guérin s’éteint, Mélanie affronte… une pancarte. Celle de l’entreprise familiale. Le nom inscrit sur ce panneau entre en résonance avec les liens tissés par la généalogie et par son histoire avec ces lieux, ce territoire, ces terroirs. Un murmure s’éveille, une force de vie, de perpétuation. On ne peut pas tout laisser sans avoir essayé.

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